L’or de Guyane ou la mémoire d’un mythe
Au début des années 1980, Michèle-Baj Strobel est allée à la rencontre des orpailleurs du Maroni, en Guyane française. Elle en a tiré un récit: « Les gens de l’Or ». Un texte dense sur cette société créole, dont le mode de vie a aujourd’hui presque disparu : « Ces gens n’ont pas d’archives, leur mémoire collective et individuelle gît condensée dans des souvenirs, des paroles, des attitudes et des gestes, remise au jour, plus ou moins maladroitement, par mes questions et mes regards sur leur vie quotidienne. » En centrant son propos sur les orpailleurs, l’auteur tisse une trame qui s’étend à l’ensemble de la Caraïbe. Au fil des cent ans d’histoire qu’elle nous raconte, nous pouvons voir les processus de créolisation qui se sont reproduits depuis les premières ébauches de communauté sur la plantation insulaire jusqu’aux réinventions de l’identité par les migrants caribéens que l’on retrouve aujourd’hui à Toronto, Miami ou Paris. C’est un témoignage sur le processus continu de la créolisation, sur la migration et la reconstitution. » En rééditant son ouvrage, l’auteure fait œuvre de mémoire mais aussi d’histoire et nous ouvre les portes d’une véritable mythologie liée à un environnement culturel d’une diversité fascinante. Elle vient d’obtenir le prix du livre d’histoire des Outre-Mer, partenaire de Storiavoce. Elle est ici interrogée par Christophe Dickès.
L’invitée: Ethnologue, docteur en ethnologie, Michèle Baj Strobel a aussi passé une maîtrise d’histoire de l’art et de lettres modernes. Elle a été enseignante dans les écoles d’art de Dakar, de Martinique et de Guadeloupe… Elle est l’auteur de Les gens de l’or – Mémoire des orpailleurs créoles du Maroni (Guyane) paru chez Plon dans la collection Terre humaine.