A quoi sert l’histoire?
Dans son livre L’Atelier de l’Histoire, François Furet expliquait dans un article consacré à la naissance de l’Histoire que c’est l’Eglise elle-même qui donna l’exemple de la recherche érudite. Cette dernière le fait dans un contexte bien particulier : celui de la controverse anti-protestante des XVIe et XVIIe siècle. Elle se plonge alors dans les Pères de l’Eglise: elle inventorie et exalte la tradition chrétienne qui se forme dans les premiers siècles du christianisme. On la retrouve à Port Royal, dans l’œuvre de Tillemont mais aussi chez les bénédictins de Saint-Maur qui, bien avant l’historiographie allemande, fixent la critique historique. Ainsi, d’après Furet, « la recherche historique moderne est née de l’application des procédures de la raison critique à l’exploration de l’Antiquité chrétienne » et par voie de conséquence, à l’Antiquité païenne… Dans son livre, Furet apporte une pierre essentielle à la compréhension de l’histoire érudite. Mais l’histoire remonte à bien plus loin dans le temps. Elle est même un fondement essentiel de la civilisation gréco-latine. En comprendre ses origines nous permet de répondre à la simple question : A quoi sert donc l’histoire ? Est-elle une simple matière à apprendre par cœur sur les bancs de l’école? Est-elle maîtresse de vie et de vérité comme l’affirmait Cicéron? Que nous apporte t’elle à nous qui souhaitons comprendre les causes et les conséquences des événements de notre passé ? Des questions qui, en dépit de leur simplicité, ne semblent pas moins essentielles. Interrogé par Christophe Dickès, Michel de Jaeghere y répond à travers un voyage formidable dans l’histoire antique.
L’invité : Michel de Jaeghere est journaliste, directeur du Figaro histoire et du Figaro HS. Auteur de plusieurs ouvrages, son oeuvre d’historien se distingue notamment par son travail sur la Chute de Rome: Les derniers jours (Belles Lettres – Tempus). Il a aussi publié La compagnie des Ombres (Belles Lettres), une compilation de ses articles, études et éditoriaux consacrés à l’histoire.