Vergennes ou La Gloire de Louis XVI
Paru en langue anglaise en 1994, le livre Diplomatie de l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger fait figure de classique de la pensée politique et des relations internationales. Après des décennies de domination de l’histoire sociale, l’auteur réhabilitait les champs politiques en donnant une place primordiale aux grandes figures de notre histoire et à leur vision du monde : de Richelieu à Bismarck, de Roosevelt à Reagan, de Napoléon III à Gustav Stresemann… Kissinger défendait dans son livre une approche réaliste de la politique étrangère qui s’appuie à la fois sur la raison d’Etat mais aussi sur ce qui est appelé communément la Realpolitik. Dans cette approche, la place de l’histoire est évidemment essentielle : l’histoire éclaire le présent et permet de mieux comprendre les possibilités de l’avenir. La politique est l’art du possible. Histoire et temps présent sont entremêlés : charge au responsable de déceler et de comprendre son époque afin d’anticiper le monde de demain. Pourtant il y a un grand absent dans le livre de Kissinger. En effet, dans cet ouvrage de plus de 860 pages, nous ne trouvons guère le nom de l’ancien ministre de Louis XVI, Charles Gravier comte de Vergennes. Or, n’est-ce pas Vergennes qui fut secrétaire d’Etats aux Affaires étrangères au moment de la guerre d’indépendance américaine ? N’est-ce pas aussi le nom de Vergennes qui est associé au Traité de Versailles qui, en 1783, consacre l’affaiblissement de l’Angleterre et de la Royal Navy ? Enfin, le temps de Vergennes ne correspond t’il pas à l’apogée de la puissance française en Europe ? Storiavoce vous propose de comprendre ce ministre méconnu dont le rôle dans l’histoire de France mais aussi dans l’histoire de la pensée politique et des conceptions des relations internationales, fut essentiel. Christophe Dickès reçoit au micro de Storiavoce Bernard de Montferrand qui lui a consacré une biographie parue chez Tallandier.
L’invité: Diplômé de Sciences Politique, de la Harvard Summer School et de l’ENA, Bernard de Montferrand a fait toute sa carrière dans la diplomatie française. Il a été ambassadeur de France à Singapour, aux Pays-Bas, en Inde, au Japon et enfin en Allemagne. Avant ce dernier poste, il a travaillé sur les pôles de compétitivité. Il est président Centre International de Recherches Préhistoriques de la vallée de la Couze (CIRPC). Son livre consacré à Vergennes, paru aux éditions Tallandier, a reçu le Grand Prix de la Biographie française de l’Académie française.