Vie et mort à crédit
Dans le Paris de la Belle Époque, de plus en plus d’ouvriers, d’employés et de petits fonctionnaires accèdent à la consommation. Les garde-robes se diversifient, les intérieurs populaires se peuplent peu à peu de meubles, comme la très convoitée armoire à glace, et la décoration envahit le logement. Les plus aisés des ouvriers et des employés arrivent même à acheter une bicyclette ou une machine à coudre. Cette nouvelle culture matérielle émerge grâce au développement du crédit qui donne accès financièrement à la consommation et de la publicité qui donne envie d’acheter des biens nouveaux. Georges Dufayel, en pionnier de cette révolution commerciale, a bâti un empire économique à la fin du siècle. Ses magasins grandioses, installés boulevard Barbès, deviennent les temples de la consommation populaire parisienne. A la croisée de l’histoire sociale et de l’histoire économique, Anaïs Albert nous décrit une véritable révolution commerciale et la réalité quotidienne de ces classes populaires.
L’invitée : Anaïs Albert est maître de conférence en histoire contemporaine à l’université de Paris VII, spécialiste d’histoire économique et sociale à l’époque contemporaine et auteur de La vie à crédit, la consommation des classes populaires à Paris (années 1880-1920), paru aux Éditions de la Sorbonne. Cet ouvrage est issu de sa thèse de 2015 couronnée de plusieurs prix, notamment le prix de la société française d’histoire urbaine.