Théodose ou le dernier des grands
Théodose, qui régna de 379 à 395, présente la particularité d’être le premier empereur romain baptisé dans le catholicisme. Il est aussi le seul à porter le qualificatif de Grand. « Grand peut-être parce qu’il fut le dernier empereur qui réunit sous son sceptre l’Orient et l’Occident ; grand aussi parce qu’il fut le dernier empereur à résister victorieusement et diplomatiquement aux invasions barbares, grand enfin par rapport aux souverains qui lui succèdent encore pendant moins d’un siècle et dont les noms sont associés à la défaite, à la chute de Rome et à la ruine d’une civilisation millénaire. » nous dit l’Encyopédie Universalis. La postérité a surtout retenu de lui qu’il prohiba le paganisme et les hérésies, instaura le christianisme catholique comme seule religion autorisée (avec le judaïsme), et fit pénitence en 390 devant Ambroise, l’évêque de Milan, à cause d’un massacre qu’il avait laissé se perpétrer à Thessalonique. La réalité est plus nuancée : ses édits ne mirent fin ni au paganisme ni aux courants hétérodoxes du christianisme ; il ne soumit pas l’autorité impériale à l’autorité ecclésiastique, mais là où ses prédécesseurs régnaient sans partage, il donna son accord à une dévolution des pouvoirs politiques et religieux entre l’empereur et les évêques. Pragmatique, il a ouvert une double voie qui ne fut guère suivie : celle d’un renforcement du pouvoir par l’humilité et d’un retrait des pouvoirs religieux préfigurant une forme archétypale de concordat. Cela lors d’un âge d’or culturel et avec une puissance militaire qui façonnèrent une « Renaissance théodosienne ». Ce « Cours d’Histoire » est donné par Bertrand Lançon, auteur d’une biographie sur Théodose. Il est interrogé par Christophe Dickès.
L’invité: Bertrand Lançon est professeur d’histoire romaine à l’université de Limoges et chercheur invité à l’université de Caroline du Nord (Charlotte, Etats-Unis). Ses travaux portent sur les empereurs des IVe et Ve siècles. Auteur de nombreux ouvrages, il a publié récemment chez Perrin, La Chute de l’empire romain, Une histoire sans fin. Il est aussi l’auteur d’une monographie consacrée au premier empereur romain baptisé dans le catholicisme, Théodose , chez le même éditeur.